Du Laos au Cambodge
Les petits paradis, quand on y passe un peu de
temps, on a vite fait d'imaginer y rester. Alors comme tout le monde ''on se
choisira un petit bout de terre et les meilleurs bambous pour construire sa
cabane, un bel arbre pour en sortir une pirogue, on tissera un grand filet pour
la pêche, on se munira d'une grande jarre pour récupérer l'eau de pluie, une
vache, trois poules, un cochon et quelques coups de bêches suffiront pour
subsister. Le soir, à pied ou à bicyclette on retrouvera les autres villageois sur la rive du fleuve, pour se rincer
de la journée... Ah, la simplicité de la vie au rythme du soleil! ''
Qui n'a jamais pensé à un endroit pareil en grattant le pare brise de sa
voiture le matin, ou en réunion interminable, en faisant la queue au super marché,
ou en recevant ses impôts...? Et bien sachez que cet endroit existe, oui, tout
au sud du Laos dans l'archipel fluvial dont font partie les iles de Don Kong,
Don Det, Don Kône... Hormis les cascades sur le Mékong, rien ne trouble la
douceur des lieux le long des petits chemins de terre, que se partagent bêtes
et hommes. Des balades à vélo des plus paisibles qu'il soit. (Vous devrez nous croire, car pour les images c'est dommage, mais notre appareil photo fait la greve de l'obturateur!)
De ces lieux il faut se donner de bonnes raisons
d'en partir! Et en quelques jours, le manque d'électricité, d'information, de
modernité, de confort n'est pas suffisant. Pour nous décider, nous avons visiter les cuisines, d'une infâme
propreté.
On nous annonce 9h de trajet pour rejoindre Phnon
Phen.
Départ à 8h.
Etant tombé en panne de pirogue 2min après le départ, et s'étant
échoué à 2 mètres du bord avant de prendre le bus, on sait qu'on est reparti
pour un looong voyage!
Bus sans fenêtre avec ventilation à l'huile de
coude, démarrage en poussant, disparition du chauffeur pendant 2 heures (??),
raccourcis en empruntant des petites pistes défoncées, qui, lorsqu'elles sont
barrées, obligent à s'engouffrer dans d'autres chemins encore plus
chaotiques...
Une ville plus loin, il y a une opération deux
bus en un, et pas assez de places donc négociation pour savoir qui passera la
nuit dans le bled « tous frais payés par la compagnie de transport »
bien sur! Le tout se conclue par l'installation de trois nouveaux sièges au
milieu: un seau, un petit tabouret et un sac.
Avec tous ces contre-temps, la nuit arrive plus
vite que prévue, il est 20 h. Il faut alors compter les pauses méca pour
allumer d'abord, et régler ensuite les lanternes avant. Entre nous, merci aux
éclairs orageux et aux vers luisants d'avoir éclairé notre chemin! Mais qui dit
orage, dit pluie: fermeture de la porte du bus sans fenêtre! Cette ''bombe
ammoniacale'' devient très vite irrespirable, la buée monte, on ne voit bientôt
plus les lucioles. Et le chauffeur tout sourire, continue sa route. Ils sont
décidément de bonne humeur dans le coin!
...
Minuit. Les rabatteurs d'hôtel surgissent dans le
véhicule encore en marche. Nous sommes
arrivés! Bienvenue au Cambodge.